
Éternel problème du grand sud – L’eau est-elle une fatalité ?
Payer une tasse de thé ou de café à 200 ariary à Andranovory-Toliara contre 50 ariary dans la capitale, l’eau est une ressource tellement rare ici : « Il faut parcourir 58 km pour en trouver. Et si vous voulez prendre une douche avant d’entrer dans la ville de Toliara, vous devrez payer 1 000 ariary. » Ce propos de Julienne Mora, gargotière à Andranovory, donne un aperçu de la difficulté quotidienne des habitants dans le Sud pour obtenir de l’eau potable.
La situation est pire dans le Sud profond. Dans la commune de Soanala, district de Betroka, où le chef de file de l’Antoka sy Dinan’ny Nosy (ADN), Edgard Razafindravahy, dort cette nuit-là après avoir rencontré les chefs de fokontany et les membres de l’ADN, la disponibilité de l’eau constitue un atout majeur pour les hôtels afin de séduire et attirer la clientèle. Dans certains établissements, le reste de l’eau que des clients n’ont pas utilisée, est stockée dans un fût pour servir aux futurs locataires. Le manque d’eau crée parfois des rapports tendus entre les clients. Tout le monde exige de prendre une douche après avoir parcouru une route nationale poussiéreuse sous un soleil de plomb alors que l’eau fait défaut. Mais ce problème n’est toutefois que temporaire pour les visiteurs contrairement à ce que vivent les locaux au quotidien.
Les habitants du district d’Ampanihy, par exemple, se lèvent très tôt pour récupérer de l’eau en creusant le sol. L’activité devient ainsi une affaire familiale. Les femmes concoctent le petit-déjeuner à base de patates douces et de manioc, tandis que les enfants aident leurs pères à stocker l’eau récupérée dans un « bidon jaune ». « L’eau pompée par les racines de cactus durant la nuit, imbibe le sol. Nous la récupérons à l’aube, avant qu’elle ne s’évapore », explique un père de famille.
La condition climatique de l’Androy constitue également un grave problème qui ne favorise pas la présence de l’eau. « La pluie tombe surtout durant la saison hivernale, mais cette année, elle se fait rare », regrette Albert Ratovondrainy, président de la délégation spéciale de la commune d’Ambovombe. De plus, le peu d’eau disponible dans la région semble mal répartie. Ainsi à Beraketa, Antanimora et à Ambovombe, la sécheresse semble moins visible, la plaine reste verdoyante, les gens y plantent du riz et de la patate douce.
À Tsihombe et Beloha, le temps semble s’arrêter. Philémon, un habitant quinquagénaire de Tsihombe, s’approche de l’une des voitures qui accompagne l’équipe du parti politique ADN. Il porte trois bouteilles remplies d’eau. « Avez-vous encore des bouteilles pour que je puisse stocker de l’eau Vous savez, l’eau est une ressource très rare chez nous. Nous avons l’impression que l’État nous oublie. Nous sommes victimes des razzias sur nos troupeaux, mais aussi de la famine et de la sécheresse », s’indigne-t-il.

Le chef de file de l’ADN, Edgard Razafindravahy a ravivé l’espoir des habitants du fokontany de Bevoay dans la commune d’Ankatsakatsa
Edgard Razafindravahy (ADN), entouré de son équipe, a sillonné pendant plusieurs jours cette région de Madagascar. Tout comme dans plusieurs autres régions de Madagascar, la population du Grand Sud peine à vivre décemment au quotidien, l’État semble abandonner encore une fois cette partie de l’Île en ne leur apportant aucune solution pérenne.
L’Équipe ADN a été à l’écoute de cette population. La devise de ce parti étant de « S’en sortir par soi-même, ne plus attendre des autres », surtout, selon Edgard Razafindravahy, « pour un problème aussi vital que l’eau ou l’électricité ». Et d’ajouter : « C’est pourquoi il faut que, désormais, vous, membres de la communauté locale, preniez en main votre avenir et n’attendiez plus le pouvoir central. Nous allons continuer d’échanger, de partager les expériences et trouver ensemble les solutions à ce problème.» À suivre…
L’ADN lance un appel à toute personne ayant des expériences ou expertise en matière de gestion de l’eau à la contacter.

La récupération de l’eau dans le sol devient une affaire familiale.